« Quand on travaille dans le social, il faut aimer l’humain »

J’ai interviewé Sokol le mercredi 22 mai 2019, notre échange était entrecoupé par les personnes qu’il devait accueillir. Sokol est toujours prêt à apporter son aide, c’est une personne particulièrement bienveillante.

Sokol Shyri est agent d’accueil au siège du Diaconat de Bordeaux, il travaille ici depuis 11 ans. Il s’occupe d’accueillir et de guider les gens qui viennent au Diaconat de Bordeaux, il s’occupe aussi des appels, et informe sur les possibilités d’un suivi, ou encore certaines démarches à faire.

Sokol m’apprend que le suivi social est réglementé, il dépend de la domiciliation des personnes. Il peut y avoir des malentendus. Certaines personnes sont déjà accompagnées ailleurs mais ne le précisent pas, c’est seulement une fois en contact avec les référents que l’équipe découvre qu’ils sont suivis autre part. Sokol m’explique que d’une certaine manière, ce sont des rendez-vous perdus.

Il faut donc gérer tout ça, toutes ces situations, Il me précise qu’il faut être très à l’écoute tout en étant un peu ferme, c’est indispensable. Il faut être attentif, savoir quelles sont les demandes des personnes tout en étant vigilant.

Avant d’être agent d’accueil, Sokol faisait de l’interprétation et de la traduction. Comme il dit souvent : « un agent d’accueil c’est à peu près comme un traducteur, comme un interprète, c’est l’intermédiaire entre les personnes accueillies et les services. Le poste de l’agent d’accueil est un poste de transition, recevoir et transmettre en même temps. »

« La légende dit que je parle plusieurs langues, albanais, kosovar, italien, espagnol, anglais»
Le mystère reste entier

 

  • Quels publics accueillez-vous ici ? Et est-ce que vous avez pu remarquer une évolution de ces publics en 11 ans d’expérience ?
    « Nous recevons tous types de personnes, que ce soient des familles, des sans domicile fixe, des demandeurs d’asile. Je pense que ça se diversifie, il y a en effet une évolution. Il faut reconnaitre qu’avec la crise migratoire nous accueillons plus de demandeurs d’asile qu’avant. Nous recevons aussi des mineurs non accompagnés, plus qu’il y a quelques années. »
  • Vous êtes en contact avec un certain public ici, comment le ressentez-vous ?
    « Il faut avoir de la compassion tout en gardant une certaine distance. S’il n’y a que de l’émotion ça n’aide pas à la cause, il faut structurer le problème, c’est un drôle de mariage. Un agent d’accueil ne doit pas être une machine, il ne peut tout régler, je dis souvent que je ne suis pas psychologue, sociologue ou encore assistante sociale, mais je pense qu’au fond je suis quand même un peu tout ça. »
  • Vous êtes la première personne que l’on voit en arrivant, vous rencontrez beaucoup de personnes, avez-vous justement vécu des moments forts depuis que vous travaillez ici ?
    « Je pense que ce sont des moments très courts, c’est une somme de tous ces moments qui me marquent. Je ne crois pas que la position de l’agent d’accueil lui permette de vivre des moments assez forts dans la durée. C’est plutôt un mélange de tous ces petits moments au quotidien qui font des souvenirs. Comme si de toutes petites anecdotes formaient un tout assez extraordinaire. »
  • Vous me parliez d’anecdotes, en avez-vous une à me raconter ?
    « Il y en a plein, mais une très drôle qui date de la semaine dernière. 

    Le Diaconat publie ce fameux guide « Orienter à Bordeaux », qui est un incontournable de toutes les associations et organismes. Je reçois facilement 1 appel sur 4 me demandant des renseignements sur ce guide, si je suis telle ou telle association, si je propose tel ou tel service. Sur internet, le Diaconat s’affiche automatiquement et le gens appellent ici, comme si c’était un 118 218 du social 

    Un jour, quelqu’un appelle et me dit « Bonjour je suis bien au Diaconat ? », il appelle donc au bon endroit. Il continue de me parler et d’un coup me dit : « Est-ce que vous avez beaucoup de prostituées chez vous ? » ; J’ai levé les yeux, il y avait des parents et leurs enfants dans la salle d’attente : « Ah non monsieur, vous n’appelez pas au bon endroit… ». Probablement il cherchait une association en rapport à la prostitution, c’était une drôle de situation, j’ai bien ri ! Voilà ce sont les aléas de l’accueil. »

  • Si je vous demandais de me décrire le Diaconat de Bordeaux en quelques mots ?
    « Le mot humanisme, vu le travail qui est fait ici, ce qui décrirait le mieux le Diaconat c’est humain et accessible. »

Sokol ne se voit pas changer de poste et encore moins de structure.

L’interview se termine dans une ambiance joviale, à l’image de Sokol : une personne toujours souriante et prête à aider autrui.

J’ai été ravie d’échanger avec Sokol, et je le remercie encore pour le temps qu’il a pu m’accorder tout en restant disponible à chaque fois que quelqu’un ouvrait la porte.

 

Propos recueillis par Jade Raveau,
stagiaire INFOCOM à l’IUT Bordeaux Montaigne

 

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