Témoignage exprimé lors de la fin de la trêve hivernale 2014/2015 lors de la manifestation du 31/03/2015.
« Je m’appelle Marie-Ange et j’ai 48 ans. Je suis arrivée à Bordeaux en 2012 pour une reconversion professionnelle car je sui RQTH. Je devais passer un Bac pro en économie et étude de prix en bâtiment à l’ERP R. Lateulade à Bordeaux.
Je passais ma semaine à Bordeaux et rentrais le week-end dans le Gers chez moi avec mon compagnon. En juin 2013, mon compagnon m’a frappé donc il est sorti de ma vie. J’habitais en rase campagne alors j’ai dû me séparer de cette maison que je louais car je n’avais plus de voiture.
Pour ma 2e et dernière année de Bac pro, l’ERP m’avait prêté un petit studio, ce qui me permettait d’être tranquille pour étudier. En mars 2014, j’ai fait un burn out suivi d’une dépression nerveuse sévère. En avril, je demandais mon redoublement et le directeur m’avait promis que je pourrais garder le logement. En juin, il se désistait et là, c’était la rue !
Une personne que j’avais rencontrée à l’ERP me proposa de m’héberger. J’y suis allée le 14/07/2015. Tout se passait bien mais le 19/02/2015, il m’annonça par téléphone que je devais partir, qu’il ne supportait plus notre cohabitation et qu’il m’avait réservé une chambre au 115, il fallait juste que je rappelle le 115 entre 13h et 13h30.
J’ai obtenu une place en halte de nuit pour une nuit. L’animateur de cette halte m’avait promis de faire tout son possible pour que je sois accueillie dans une autre structure, plus sécurisante. J’ai appelé le 115 et j’ai eu 15 nuitées au Foyer Trégey. J’en pleurais de joie. Enfin un endroit pour dormie dans un lit et avoir 2 repas par jour.
Le jour de mon arrivée, une animatrice m’a expliqué le fonctionnement du foyer et où était mon lit. J’ai vu aussi l’infirmière par rapport à ma dépression nerveuse et un petit souci de tension trop haute. J’ai été voir ensuite mon médecin traitant pour un traitement contre l’hypertension.
Quand j’étais hébergée, j’avais entrepris des démarches pour mon avenir professionnel que j’ai continué malgré cette situation précaire.
J’ai rencontré ici une équipe formidable qui m’a conseillée, épaulée, écoutée ! de vrais êtres humains à l’écoute, qui agissent dans la mesure de leurs moyens.
Je vais bientôt quitter le foyer pour une autre structure où j’aurais ma chambre. Je vais pouvoir retrouver ainsi mon intimité.
Grâce au médecin, ma demande d’AAH a été acceptée, ce qui signifie pour moi une nouvelle vie.
Je suis persuadée que si il y avait plus de foyers comme Trégey avec un personnel (tous confondus) aussi efficace, « les personnes de la rue » pourraient trouver une lumière au bout du tunnel. Ça ne se fait pas tout seul, il faut aussi s’aider soi-même pour y arriver mais avec du courage et un peu d’aide, on peut réussir.
J’aimerais tellement qu’il y est plus de structures comme celle du Foyer Trégey car elles ne ferment pas à partir de la trêve hivernale. La misère ne s’arrête pas au printemps, elle continue toute l’année et si un humain reste trop longtemps à la rue, il s’épuise physiquement, moralement et après il perd tout espoir et c’est là que commence le début de la fin ! La rue c’est dur, ça vous enlève doucement mais sûrement toute dignité !
Je ne pourrais jamais assez les remercier pour que l’animateur de la Halte de nuit et l’équipe du Foyer Trégey ont fait pour moi ! Je ne savais pas qu’il y avait encore des personnes vraiment humaines !
Alors, ma demande est : plus de structures et ce, toute l’année et plus de moyens pour qu’ils puissent mener à bien leurs missions.
Pour ma part, je serai bénévole pour la distribution des repas… au Foyer Trégey ; ainsi, je pourrai à mon tour donner un peu de mon temps pour toutes ces « personnes à la rue ».
MARIE-ANGE – 48 ans